La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) prévoit une croissance de l’économie azerbaïdjanaise de 3 % en 2025 et de 2,5 % en 2026.
Comme le rapporte CCN, ces prévisions figurent dans l’édition de mai du rapport de la BERD intitulé « Perspectives économiques régionales ». Les prévisions restent inchangées par rapport à celles formulées en février. Les principaux moteurs de la croissance pour l’année en cours demeurent le développement du secteur non pétrolier et la poursuite des investissements publics. Toutefois, la Banque souligne la forte vulnérabilité de l’économie face aux fluctuations des prix du pétrole et du gaz, à la baisse de la demande extérieure, à l’incertitude en matière de politique commerciale, ainsi qu’aux éventuels blocages dans les processus régionaux de normalisation.
Selon le rapport, l’économie de l’Azerbaïdjan a connu une accélération de sa croissance en 2024, portée par le dynamisme des secteurs non pétroliers et par d’importants investissements publics. Le PIB réel a progressé de 4,1 % contre 1,4 % en 2023. La croissance du secteur non pétrolier s’est élevée à 6,2 %, contre 3,7 % l’année précédente, grâce à une reprise marquée dans les secteurs de la construction, des technologies de l’information et de la communication, des transports et du tourisme.
La BERD estime que l’activité économique a été soutenue par la hausse des revenus réels des ménages et par les investissements massifs dans les infrastructures. Depuis mars 2024, le secteur pétro-gazier a également renoué avec la croissance, dans un contexte d’augmentation des volumes de gaz extraits à destination de l’Europe.
« Néanmoins, au premier trimestre 2025, le rythme de croissance du PIB réel s’est nettement ralenti à 0,3 % en glissement annuel (contre 4 % un an plus tôt), en raison d’une baisse de la production de pétrole et de gaz, malgré la croissance soutenue du secteur non pétrolier.
L’inflation est restée dans la fourchette cible fixée par la Banque centrale d’Azerbaïdjan (4 % ±2 %). En avril 2024, l’inflation annuelle est tombée à 0 %, son plus bas niveau depuis plus de neuf ans. En mars 2025, elle a toutefois bondi à 5,9 %, principalement en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et des services », souligne la BERD.
En réponse à l’atténuation des pressions inflationnistes à la fin de l’année 2023, la Banque centrale d’Azerbaïdjan a réduit son taux directeur de 175 points de base, le ramenant de 9 % en novembre 2023 à 7,25 % en mai 2024, et l’a maintenu à ce niveau. Face à une croissance rapide du crédit (plus de 20 % en 2024), la Banque centrale a introduit un coussin contracyclique de fonds propres de 0,5 %, entré en vigueur en mars 2025.
Dans l’ensemble de la région Europe de l’Est et Caucase, la croissance économique est passée de 4,5 % en 2023 à 3,9 % en 2024, l’effet de la réorientation du commerce, ainsi que l’afflux de main-d’œuvre et de capitaux vers les économies du Caucase, commençant à s’estomper. La croissance devrait encore ralentir pour atteindre 3,5 % en 2025 (soit 0,1 point de pourcentage de moins que la prévision de février), avant de repartir à la hausse pour atteindre 4,3 % en 2026 (prévision inchangée).
Selon les prévisions du ministère de l’Économie de l’Azerbaïdjan, le PIB devrait croître de 3,7 % en 2025 et de 3,2 % en 2026.
Les prévisions des agences de notation internationales divergent. S&P Global anticipe une croissance de 2 % par an, Fitch Ratings prévoit 3 % en 2025 et 2,4 % en 2026, tandis que Moody’s table sur une croissance annuelle de 2,5 %.
Le Fonds monétaire international estime la croissance à 3,5 % en 2025 et 2,5 % en 2026. La Banque mondiale prévoit respectivement 2,6 % et 2,4 %. La Banque asiatique de développement projette une croissance de 3,4 % en 2025 et de 3,3 % en 2026. Le groupe néerlandais ING prévoit une croissance du PIB de 2,5 % pour les deux années.
« À moyen terme, le commerce via le Corridor central reliant la Chine à l’Europe pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les secteurs du transport et de la logistique en Azerbaïdjan, les efforts en faveur de la paix pouvant permettre l’accès à de nouvelles routes commerciales et à de nouveaux flux d’investissements », souligne le rapport.
Le Corridor Transcaspien de Transport International (TMTM) est un itinéraire reliant la Chine à l’Europe via le Kazakhstan, la mer Caspienne, l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Il est perçu comme une alternative aux itinéraires traditionnels, dans un contexte de bouleversements géopolitiques mondiaux et de reconfiguration des chaînes logistiques.
Pour mémoire, en 2024, le volume du fret transporté via le TMTM a augmenté de 62 %, atteignant 4,5 millions de tonnes. En 2025, une nouvelle hausse est attendue, jusqu’à 5,2 millions de tonnes, dont 4,2 millions seront acheminées par les pays participants. Sur ce volume, 2,5 millions de tonnes seront des cargaisons sèches (équivalent à 96 000 EVP) et 1,7 million de tonnes, du pétrole.
La capacité de transit du corridor pourrait atteindre 10 millions de tonnes par an d’ici 2027, établissant ainsi une base solide pour renforcer le potentiel de transit de l’Azerbaïdjan et attirer de nouveaux investissements dans ses infrastructures.
Selon le rapport, en raison de nouveaux tarifs douaniers, le tarif effectif moyen sur les importations en provenance des pays de la BERD vers les États-Unis pourrait passer de 1,8 % en 2024 à 10,5 %. Ces estimations s’appuient sur la structure des échanges commerciaux en 2024, en tenant compte des exemptions accordées à certaines catégories, telles que les ressources énergétiques et les produits pharmaceutiques.
En 2024, les tarifs effectifs les plus élevés appliqués par les États-Unis aux importations provenant des pays de la BERD ont concerné l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Moldavie. Dans le cas de l’Azerbaïdjan, cela s’explique principalement par les exportations d’aluminium, déjà soumises à des droits de douane élevés.