A la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président français Emmanuel Macron a déploré mercredi les divisions croissantes dans le monde et a appelé à restaurer la confiance, rapporte CCN.
Rappelant que la France a accueilli cet été les Jeux olympiques et paralympiques « dans l’enthousiasme et la concorde des peuples », il a regretté que, malgré cette liesse, la Trêve olympique soit restée lettre morte. Chaque jour, a-t-il observé, l’humanité semble se fragmenter davantage alors que les circonstances exigeraient de trouver des réponses communes.
Pour redonner aux mots « Nations Unies » leur puissance d’espérance, il a appelé à restaurer la confiance et à conserver l’impératif de protection des civils comme boussole. « Ne laissons pas s’installer l’idée un seul instant que les morts de l’Ukraine sont ceux du Nord, que les morts de Gaza sont ceux du Sud », a-t-il lancé, évoquant aussi les victimes des conflits au Soudan, dans la région des Grands Lacs et « en Birmanie ».
Ces conflits interrogent selon lui la capacité à faire respecter la Charte des Nations Unies. « Quand je vois certains vouloir proposer la paix en demandant la capitulation, je m’étonne qu’on puisse même soutenir une telle idée ».
Pour le Président français, la Russie mène en Ukraine une guerre de conquête territoriale au mépris des principes les plus fondamentaux. « Elle est coupable de graves manquements au droit, à l’éthique et à l’honneur », a-t-il asséné.
Selon lui, le sort de l’Ukraine engage la paix et la sécurité en Europe et dans le monde « car qui pourrait encore se croire protégé de ses voisins les plus forts, les plus violents et les plus avides si nous laissions la Russie l’emporter comme si de rien n’était ? ».
Abordant ensuite le conflit au Moyen-Orient, il a reconnu qu’Israël a le droit légitime de protéger les siens et d’enlever au Hamas les moyens de l’attaquer à nouveau. Mais sa guerre à Gaza « n’a que trop duré », a-t-il tranché, constatant que « trop d’innocents sont morts ».
Il faut donc qu’un cessez-le-feu intervienne au plus vite, que les otages retrouvent la liberté et que l’aide humanitaire arrive massivement à Gaza, a plaidé le dirigeant français, pour qui « c’est une question de volonté politique ».
Estimant que le déploiement d’une mission internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux États, il a souligné qu’il revient au Conseil de sécurité de se prononcer à cet égard, affirmant dans la foulée que la France fera tout pour faire advenir un État palestinien et donner toutes les garanties de sécurité nécessaires à Israël.
Dans l’immédiat, le risque principal est celui de l’escalade, a ajouté M. Macron. Jugeant que le Hezbollah prend depuis trop longtemps le risque d’entraîner le Liban dans la guerre et qu’Israël ne peut sans conséquence y étendre ses opérations, il a exigé le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue. « Il ne doit pas, il ne peut pas y avoir de guerre au Liban », a-t-il martelé.
Sur le plan climatique, il a indiqué que la France jouera tout son rôle à la Conférence des Nations Unies sur le climat COP29 et accueillera en juin 2025, avec le Costa Rica, la Conférence des Nations Unies sur les océans, l’occasion de ratifier le traité sur la protection de la haute mer.
Enfin, M. Macron s’est dit favorable à un élargissement de la composition du Conseil de sécurité. Selon lui, l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil devraient en être des membres permanents, de même que deux pays que l’Afrique désignerait pour la représenter. De nouveaux membres élus devraient aussi être admis.
Mais cette réforme seule ne suffirait pas à rendre son efficacité au Conseil, a-t-il prévenu, plaidant pour un changement des méthodes de travail, une limitation du droit de veto en cas de crimes de masse et davantage d’attention pour les décisions opérationnelles que nécessite le maintien de la paix. « Le moment est venu de retrouver de l’efficacité pour mieux agir sur le terrain », a-t-il conclu.