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Pourquoi la formation du gouvernement a-t-elle pris autant de temps ?

Le 19 septembre au soir, le Premier ministre français Michel Barnier a présenté la composition et l’architecture du nouveau gouvernement. Cela s’est produit après des consultations avec des représentants des principales forces politiques du pays. Le chef du gouvernement a également informé le président Emmanuel Macron de ses décisions, rapporte CCN.

La liste définitive du cabinet devrait être publiée dimanche après que tous les candidats auront passé les contrôles éthiques et reçu l’approbation de Macron. Le président pourrait tenter d’opposer son veto aux propositions de Barnier, mais cela est peu probable car une telle décision provoquerait d’énormes tensions dans un pays déjà en proie à une crise politique.

Il a fallu près de trois mois pour former le gouvernement français. Les élections anticipées à l’Assemblée nationale annoncées par Macron en juin ont plongé le pays dans une crise politique ; le nouveau Parlement a été pratiquement divisé en trois.

Des représentants radicaux de gauche, représentés par le parti « La France insoumise » (LFI), ont même engagé la procédure de destitution contre Macron parce que celui-ci refusait de nommer leur candidate Lucie Castet première ministre (selon Macron, elle ne parviendrait pas à obtenir le soutien nécessaire de la part de Parlement lors de la formation d’un gouvernement).

Le 17 septembre, le Bureau de l’Assemblée nationale, où la gauche est majoritaire (12 sièges sur 22), a décidé de laisser discuter la destitution de Macron. Cependant, comme l’écrit Le Monde, les chances de succès de cette initiative sont de toute façon minces. Premièrement, il n’existe pas de consensus sur cette question au sein de la coalition de gauche. Deuxièmement, pour approuver la destitution à l’étape suivante, il faudra recueillir les deux tiers des voix favorables à l’Assemblée nationale, et donc d’obtenir le soutien du parti de Le Pen, qui a déjà qualifié cette proposition de « manipulation de l’ultra-gauche ».

Après que Macron ait nommé Barnier au poste de Premier ministre, la gauche a également appelé ses partisans à intensifier leurs activités de protestation. De leur point de vue, Barnier est le résultat d’un compromis entre centristes et droite radicale. Le Républicain a une position plutôt ferme sur les questions migratoires, qui le rapproche des partisans de Le Pen. Lors de la campagne présidentielle de 2021, Barnier a déclaré que s’il était élu, il organiserait un référendum sur les modifications de la Constitution qui permettrait au Parlement de fixer un quota annuel de migrants.

« Depuis que le Front républicain n’existe plus, c’est le RN qui est désormais la maîtresse de l’Assemblée nationale, et a le pouvoir de permettre au gouvernement Barnier de survivre ou de le renverser, voter avec la gauche sur un vote de censure », note la radio Franceinfo.

Selon un communiqué du palais de Matignon, l’équilibre politique est maintenu dans le cabinet présenté par Barnier. Cependant, comme le souligne Le Monde, le nouveau gouvernement du pays a sérieusement basculé vers la droite, alors que la gauche qui a remporté les élections n’y est pratiquement pas représentée. « Bien que le Premier ministre déclare une rupture avec le gouvernement précédent, le profil de son équipe est étonnamment similaire au précédent, puisqu’elle est principalement composée de macronistes et de représentants des Républicains », note la publication.

Barnier va maintenant devoir prononcer un discours d’ouverture devant les députés. Cela devrait avoir lieu le 1er octobre, jour d’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée nationale. Le bureau de Barnier a déclaré que l’une des priorités du nouveau gouvernement serait d’augmenter le pouvoir d’achat de la population, ainsi que d’assurer la sécurité, de contrôler les migrations et de mieux gérer les finances publiques.

Recruter des candidats pour des postes clés du gouvernement en France s’est avéré difficile, d’autant plus que le prochain gouvernement devra probablement entreprendre des réformes sensibles telles que des réductions de dépenses ou des augmentations d’impôts. Dans ces circonstances, Barnier devra faire preuve de prudence pour maintenir son gouvernement à flot.