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Syrie : Il n’y a plus de troupes gouvernementales à Alep, l’avancée des rebelles se poursuit sous les frappes aériennes russes

La guerre civile en Syrie, presque oubliée au cours des quatre dernières années, est à nouveau entrée dans une phase active.

Mercredi 27 novembre, une coalition de groupes rebelles dirigée par « Hayat Tahrir al-Sham » a lancé une offensive en Syrie dans les territoires contrôlés par le gouvernement de Bachar al-Assad. Les rebelles ont immédiatement annoncé la prise d’une base militaire et de 15 villages dans la province d’Alep, au nord-ouest du pays. Les rebelles ont ensuite bloqué l’autoroute reliant la deuxième plus grande ville du pays, Alep, à la capitale, Damas.

Vendredi, les rebelles étaient déjà entrés dans Alep et ont commencé à publier des photos de l’ancienne citadelle qu’ils avaient prise, qui était une base imprenable pour les troupes de Bachar al-Assad de 2012 à 2015. Dimanche, apparemment, ils ont pris le contrôle de la ville.

Les troupes gouvernementales syriennes ont affronté les rebelles dans la plus grande ville du pays, Alep, pour la première fois depuis 2016. Et les avions de guerre russes ont attaqué les positions rebelles et les lignes de ravitaillement à la périphérie de la métropole.

Dans une interview exclusive accordée à GNN, des experts russes et turcs partagent leur point de vue sur les événements, rapporte CCN. Le directeur de l’Institut pour le développement de l’État moderne, Dmitri Solonnikov, a relié l’opération en Syrie aux combats en Ukraine.

« La Russie considère sans aucun doute les événements en Syrie comme un jeu de politique étrangère impliquant différentes forces poursuivant des objectifs différents, mais en même temps convergeant en un point à un moment opportun. Premièrement, créer des problèmes en Syrie constitue, entre autres choses, une tentative de détourner l’attention de la Russie d’une opération militaire spéciale en Ukraine. Dans ce contexte, la Turquie résout ses problèmes en essayant d’éliminer les poches de résistance kurde et les structures kurdes qui menacent le sud de la Turquie. Israël est également impliqué dans ce domaine, pour lequel les frappes contre les structures officielles de la Syrie sont un sujet constant, accompagnées d’attaques directes périodiques contre les infrastructures de transport, de logistique et militaires de la Syrie ». Selon l’expert russe, les États-Unis défendent également leurs intérêts en leur apportant un soutien financier et organisationnel.

« Ici, les Etats-Unis sont clairement du côté de l’Ukraine et d’Israël. Tout cela conduit au fait que les hostilités actives commencent maintenant. Cela se produit actuellement parce que les alliés de Damas rencontrent des difficultés. Dans le même temps, des négociations sérieuses sont en cours entre Pezeshkian et Poutine, des négociations avec le ministre iranien des Affaires étrangères, qui s’est rendu à Damas et à Ankara, pour tenter de comprendre cette situation. Personne ne reste les bras croisés, mais la situation est complexe et il n’a pas été possible de la stabiliser rapidement. Apparemment, il faudra parler de la formation de nouveaux groupes armés, de nouveaux préparatifs pour la contre-offensive de l’armée syrienne. Mais c’est un certain temps et certaines ressources. C’est désormais ce que feront Damas et ses alliés », a conclu Dmitri Solonnikov.

À son tour, l’ancien diplomate et chercheur turc Melih Demirtas a également partagé son avis d’expert avec notre équipe éditoriale.

« La situation au Moyen-Orient s’aggrave. Ce problème a commencé l’année dernière en Palestine, et s’accompagne toujours de pertes humanitaires et civiles. Il y a eu certains événements en Iran et aussi dans d’autres pays. L’expert a noté que les premiers événements en Syrie ont commencé en 2011, lorsque la population civile a présenté des revendications visant à assurer sa propre sécurité, à protéger les droits démocratiques et à améliorer le bien-être du pays.

« Ces revendications comprenaient des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad. Même si Bachar al-Assad a pris ses décisions, celles-ci, comme nous le savons tous, ne visaient pas à améliorer la situation des droits de l’homme et ne respectaient pas les principes démocratiques.

Il a eu recours à une force excessive contre son propre peuple. Jusqu’à présent, la Turquie a déployé tous ses efforts pour résoudre la situation, mais récemment, les événements se sont à nouveau intensifiés avec la participation de plusieurs groupes.

Dans cette situation, une étape importante consiste à trouver un compromis entre le régime de Bachar al-Assad et son peuple, et la Turquie peut jouer le rôle de médiateur dans ce processus ».

Melih Demirtas a également souligné que l’intégrité territoriale de la Syrie est d’une importance capitale pour la Turquie.

« Dans ce contexte, la Turquie a également exprimé sa volonté de dialoguer avec les dirigeants syriens. Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la Turquie était ouverte aux discussions et prête à une nouvelle étape de contacts diplomatiques avec la Syrie, y compris la possibilité de reprendre les négociations de haut niveau. Auparavant, les contacts diplomatiques étaient menés par l’intermédiaire des services de renseignement, mais aujourd’hui, des contacts plus importants et plus directs sont nécessaires », a conclu l’expert.